L’indie soul de Jonathan Jeremiah

LYON | LE TRANSBORDEUR | 25.10.19

Auteur, compositeur et interprète anglais, Jonathan Jeremiah a signé en 2018 un retour marquant avec son très attendu quatrième album, « Good Day », qui navigue entre soul et folk.

Le premier album de Jonathan Jeremiah, acclamé par la critique, a été publié par Island Records et lui a pris de nombreuses années de réflexion et de dévouement. Une grande partie a été écrite au début de la vingtaine, alors qu’il voyageait à travers les États-Unis, peaufinant des chansons qui exprimaient le plus profond de ses sentiments.

De retour à Londres, il a trouvé un emploi au Wembley Arena en tant que gardien de sécurité et a dépensé chaque centime qu’il pouvait sur les enregistrements, réalisés avec soin. En outre, il a embauché Jules Buckley, fondateur du Heritage Orchestra, pour faire les arrangements – ils sont maintenant des collaborateurs réguliers – et a recruté les meilleurs musiciens qu’il ait pu trouver, dont Questlove de The Roots, qui a joué sur son premier EP, et le groupe de James Brown, qu’il a rencontré au Jazz Café de Londres. Une chanson, Heart Of Stone, a été coécrite par Bernard Butler.

Deux autres albums ont suivi, « Gold Dust » en 2012 et « Oh Desire » en 2015, qui ont consolidé son audience, notamment en Europe continentale, et lui ont valu de nouveaux honneurs, notamment un appel téléphonique du légendaire compositeur des films de James Bond, John Barry, qui lui a proposé d’écrire avec lui. Son quatrième album, « Good Day » – son premier pour PIAS Recordings – est celui qui représente le mieux la musique de Jonathan Jeremiah.

« Certaines choses prennent juste un peu plus de temps pour trouver leur chemin », rit-il en haussant les épaules. « Il m’a fallu du temps pour trouver qui je suis et ce que je veux chanter. »

Étonnamment, la plus grande influence sur les thèmes de l’album vient d’un artiste qui ne semble pas proche de son univers. « J’écoutais un soir Brian Eno parler de la reddition », explique Jeremiah.

« Tout dans notre société consiste désormais à avoir le contrôle et à acheter de nouvelles choses pour nous donner plus de contrôle : un téléphone qui nous maintient en contact, une maison qui nous garde en sécurité… Mais peut-être un endroit tout aussi heureux est celui où vous vous laisser aller. Je ne me soucie pas de ce qui se passe ensuite : c’est simplement ce qu’il va se passer. C’est pour ça que nous aimons notre alcool, nos drogues, notre art, parce que cela nous fait perdre le contrôle. Et c’est peut être sur ça que porte le gospel « J’ai perdu le contrôle, mais ça va aller« . Je vois donc la reddition comme quelque chose d’assez doux. »

C’est probablement ce qui donne à « Good Day » sa qualité de détente. Rien de tout cela n’est pressé, et tout ce qui y est ressenti est réel, de ses émotions au son intime. Écoutez Hurt No More, un gospel écrit depuis la perspective d’un athée. Essayez The Stars Are Out et Deadweight, qui ressemblent à des bijoux anciens. Découvrez Foot Track Magic ou U-Bahn (It’s Not Too Late For Us), qui revendiquent le même calme serein qu’un enregistrement de Glen Campbell ou qu’un classique de Jimmy Webb, résumant avec lyrisme la liberté de succomber au destin. « Je prends parfois l’U-Bahn la nuit », chante Jeremiah, « juste pour me perdre ». Ce voyage se termine d’une manière concluante avec I just want you.

Cette dernière chanson finit sur un enregistrement de dix des amis les plus proches de Jeremiah qui chantent autour d’une table à Londres le soir du Nouvel An, en 2017, « on fait notre Hey Jude à nous ». En un mot, il représente l’essence de « Good Day » : le son des gens réunis, cédant à ce qui sera, célébrant la vie telle qu’elle est. Peu de choses sont meilleures qu’être avec les gens que nous aimons, et personne ne le capture mieux que Jonathan Jeremiah…

Son live du Grand Studio RTL :